Rebondir: la créativité et la flexibilité au service de la résilience entrepreneuriale

« La résilience, c’est la capacité de retomber sur ses pieds, de garder le cap, d’assurer la pérennité d’un organisme ou d’une société, le maintien d’une certaine permanence dans un environnement turbulent. »

(Alain Richemond, 2003)

Voilà déjà 8 mois que j’ai définitivement fermé le rideau métallique de ma boutique à Lesneven. Je me souviens encore de son bruit grinçant qui rythmait mes journées de travail, résonnant dans toute la rue du Comte Even.

Je vous rappelle le contexte: le bail précaire de mon local commercial arrivait à terme fin février 2022. La propriétaire souhaitant le vendre, je me suis portée acquéreur dès le mois de novembre 2021. Cependant, aucune banque n’a accepté de financer mon projet d’achat immobilier.

À cette époque, j’ai traversé deux émotions négatives très fortes, qui auraient pu me paralyser.

Comment rebondir après un tel coup dur?

Je ne suis pas du genre à me laisser abattre. S’il y a bien une qualité qui me caractérise, c’est ma capacité d’adaptation. Couplée à ma créativité, cette flexibilité est un véritable atout en tant qu’entrepreneure. 

De nature optimiste, j’ai vu dans cet échec une opportunité pour transformer mon entreprise et rebondir encore plus haut. Bref, pour être une entrepreneure résiliente!

J’ai mis ma créativité et mon imagination au service de ma stratégie. Cela m’a permis de projeter différents scénarios pour rebondir:

• J’étais implantée localement. ➜ J’allais développer mes ventes beaucoup plus loin que ma zone de chalandise. En Bretagne. En France. Et pourquoi pas à l’international?
• Je souffrais de devoir produire sans cesse de nouveaux modèles pour satisfaire mes clientes. ➜ J’allais rentabiliser mes collections en les diffusant chez des revendeurs.
• J’avais envie de développer des pièces plus travaillées et plus chères, mais je craignais de ne pas trouver mon marché localement. ➜ J’allais tester une montée en gamme.
• Je passais beaucoup plus de temps sous ma casquette de commerçante que d’artisane. ➜ J’allais me concentrer sur mon coeur de métier, le travail du verre et la création de bijoux.
• J’avais envie de transmettre ma passion, mais je manquais de place et de temps. ➜ J’allais proposer des stages et des cours.
• J’avais adopté le rythme de travail des commerçants, finissant tard et travaillant le samedi. ➜ J’allais enfin passer des week-ends en famille, et retrouver un rythme de vie plus en adéquation avec mes besoins et aspirations.

Au final, j’ai fini par dire merci aux banquiers de m’avoir offert cette fabuleuse opportunité pour réinventer complètement mon modèle économique!

Il m’a fallu plusieurs mois pour faire preuve de résilience entrepreneuriale, et poser les jalons d’un nouveau modèle économique. Voici ce que j’ai entrepris:

1. Ma première démarche a été de faire un travail sur moi.

J’avais déjà travaillé sur mes peurs en 2017, avant de louer ma première boutique à Ploudalmézeau. Je l’avais fait en solo, avec des lectures et des visionnages de vidéos inspirantes.

Cette fois-ci, j’ai décidé de me faire accompagner par une coach. J’ai fait appel à Soizik Bruneau, qui accompagne les transitions professionnelles et changements profonds. Elle m’a accompagné pendant 4 mois pour m’aider à affiner ma vision, et agir en fonction de mes valeurs et de mes talents. Elle m’a permis de lâcher prise sur certaines choses, et m’a aidé à réconcilier l’entrepreneure et l’artiste en moi. 

2. Je me suis formée tout au long de l’année pour soutenir ma stratégie

3. J’ai changé de nom de marque et d’identité visuelle

Vous me connaissiez sous la marque Infuse bijoux depuis 2019, et peut-être m’aviez vous connue aux commandes de l’atelier Bleu Verre bien auparavant (je l’avais lancé la toute première fois en 2004 à Montpellier). Me voici maintenant telle que je suis, Sandra Ovono.

Cela faisait déjà un an que je réfléchissais à travailler sous mon propre nom, plutôt qu’un nom de marque. Pourquoi changer? Plusieurs raisons ont motivé mon choix:

• Je voulais simplifier et unifier la gestion de mes deux activités (bijoux avec Infuse et vitrail avec Bleu Verre). Un seul nom, un seul logo, une seule facturation, un seul site internet.
• Je souhaitais donner plus de valeur à mon travail en me positionnant comme verrier d’art et bijoutière, et non plus comme une marque de bijoux fantaisie
• Je désirais laisser plus de place à l’artiste, et créer plus de pièces uniques et exclusives. Des bijoux, mais aussi des objets en verre utilitaires et décoratifs (luminaires, ornements, arts de la table…)

J’ai fait appel à Elise de Karlek Studio, pour réaliser ma nouvelle identité visuelle. Que pensez-vous de mon nouveau logo? Que vous évoque-t’il?

4. J’ai déménagé mon atelier

Désormais, mon atelier est installé chez moi. J’habite en pleine campagne, dans une maison néo-bretonne des années 60, érigée sur un sous-sol semi-enterré. C’est dans ce sous-sol que je passe maintenant mes journées. Oh, rassurez-vous, ce n’est pas une petite cave triste et sombre. J’ai des fenêtres qui donnent directement sur le jardin, et je dispose tout de même de 60m2 pour travailler et entreposer mon matériel et mon stock. 

Pour autant, cette situation n’est pas idéale. Certes, c’est très pratique et économique de n’avoir que quelques marches à descendre pour aller travailler, mais il y a un gros point noir: l’actuelle configuration des lieux ne me permet pas de recevoir du public. Je n’ai plus de contact physique avec ma clientèle. Or, j’adorais accueillir mes client(e)s dans mon univers, expliquer mon processus de création, écouter leurs histoires, et même concevoir des pièces personnalisées avec leurs idées… Tout ça me manque!

5. Je n’ai plus de boutique, mais j’ai plusieurs points de vente!

Le plus grand défi de cette année a été de maintenir un niveau de chiffre d’affaires qui me permette de continuer à me rémunérer et faire vivre ma famille. 

En effet, pendant quatre ans mon chiffre d’affaire était essentiellement réalisé dans ma boutique physique (à Ploudalmézeau, puis à Lesneven). Suite à la perte de ma boutique fin février, j’ai dû complètement réinventer mon modèle économique. 

J’ai choisi d’axer ma stratégie sur les boutiques et galeries en dépôt-vente, ce qui m’a permis de vendre rapidement et de façon régulière. Cela a des avantages et des inconvénients. J’ai rédigé un article à ce sujet.

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OK, et maintenant?

Un lieu pour vous accueillir

Je rêve de pouvoir vous accueillir chez moi, dans un atelier lumineux et inspirant avec vue sur le jardin.

Je souhaite réaliser des travaux pour décloisonner tout le sous-sol, et transformer la partie garage en show-room, avec une belle baie vitrée en lieu et place de l’actuelle porte de garage sectionnelle.

Je pourrai vous y inviter sur rendez-vous, lors de portes-ouvertes, et pourquoi pas y organiser des cours ou des stages? 

Côté création

J’ai très envie de reprendre la fabrication de bijoux en argent en complément du verre, pour des pièces plus haut de gamme et uniques. Produire moins de bijoux, et laisser plus de place à des créations pour la maison. C’est une transition qui va se faire en douceur en 2023. J’ai affronté assez de bouleversements cette année, je ne tiens pas à en rajouter. 

Un modèle économique à améliorer

Concernant la commercialisation de mes pièces, j’aimerais ré-équilibrer la proportion des ventes en dépôt et des ventes directes à l’atelier et sur l’e-shop. Je vais donc m’investir un peu plus sur les réseaux sociaux, la newsletter et mon site internet. Je vais sans doute tester les pré-commandes et/ou les lancements de collections.

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Merci d’avoir lu jusqu’ici. ♥︎